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Denis PIEL expose chez A.GALERIE
A la BNF Noir & Blanc : une esthétique de la photographie

Le noir et blanc est indissociable de l’histoire de la photographie : ses évolutions, de la fin du XlXe siècle à aujourd’hui, en ont révélé la force plastique. Alors que le recours à la couleur s’intensifie à partir des années 1970, le noir et blanc se réinvente comme un moyen d’expression esthétique affirmé mettant l’accent sur le graphisme et la matière. La photographie en noir et blanc demeure moins onéreuse et plus simple mais sa persistance jusqu’à aujourd’hui s’explique surtout par le fait qu’elle a fini par incarner l’essence même de la photographie. Elle apparaît comme porteuse d’une dimension universelle, intemporelle voire mémorielle, là où la couleur serait la traduction du seul monde contemporain.

A la BNF Épreuves de la matière

L’exposition en détails
Déroulé de l’exposition

L’exposition explore en quatre grandes parties les états possibles de la matière-image en photographie, analogique comme numérique.

La première partie, « L’image tangible, la matière incarnée », montre comment des photographes tels que William Eggleston, Ann Mandelbaum, Denis Brihat entre autres transforment la matière photographiée en recourant par exemple au flou, au gros plan, aux variations d’échelles. D’autres comme Andreas Müller-Pohle, Philippe Gronon ou Isabelle Le Minh s’attachent à analyser toutes les textures des composantes de la photographie : grain d’argent, gélatine, pixels, papier…

Avec « L’image labile, la matière expérimentée », l’exposition évoque ensuite la matérialité à l’aune des explorations mises en place dans la « cuisine » du laboratoire jusqu’au menu de l’ordinateur : aussi les expérimentations analogiques sur les émulsions (chimigrammes de Pierre Cordier, gommes bichromatées mélangées à du sang chez Marina Bério) ou sur le support photographique (photogramme plié d’Ellen Carey, daguerréotype de Patrick Bailly Maître Grand ou impressions sur végétaux d’Almudena Romero) sont-elles présentées en regard des œuvres numériques de Thomas Ruff (série « Substrats » obtenue par la superposition de plusieurs images glanées sur internet ) ou de Lauren Moffatt (détournement de la photogrammétrie dans la série « Compost »).

« L’image hybride, la matière métamorphosée » met en exergue des pratiques où la photographie s’hybride avec d’autres expressions artistiques (Anne-Lise Broyer, Paolo Gioli) ou alors parvient par ses ressources propres à suggérer des effets de matière picturale, graphique ou sculpturale (Valérie Belin, Jean-Luc Tartarin, Laurent Millet).

Enfin, la quatrième et dernière partie, « L’image précaire, la matière fragilisée », présente des œuvres interrogeant la photographie soumise au passage du temps et des éléments qui peuvent conduire à son effacement progressif (travaux sur l’archive photographique d’Eric Rondepierre, Joan Fontcuberta, Hideyuki Ishibashi, Lisa Sartorio, Oscar Muñoz…) ainsi que des matérialisations fugaces qui donnent lieu à des images évanescentes (hologramme de Michael Snow) ou à des images latentes, spectrales (Rosella Bellusci, Smith, Vittoria Gerardi, Alain Fleischer).

Si dans les œuvres présentées le support s’avère davantage mis en valeur que le sujet, il se tisse cependant un lien étroit entre les deux, et en dépit de la diversité des pratiques, nombreux sont les photographes à privilégier des représentations évoquant le paysage, le corps, la nature. Délivrant une grammaire visuelle riche où des ponts sont jetés entre processus photographiques anciens et technologies contemporaines, ces artistes mènent également une réflexion sur la relation complexe qu’entretiennent la photographie, la société, la nature et la technologie, révélatrice de leur engagement en faveur d’une écologie de l’image.

Le dernier numéro d’OpenEye est sorti